Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 1.djvu/369

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 361 —

dit le marchand de soieries. Un peu de patience : cela viendra.

Au bout de huit jours Agata l’aimait encore moins et ne pouvait plus le regarder en face sans être dévorée de regrets.

De son côté Zullino était fort malheureux, et ne savait que faire pour se distraire de son chagrin. Un capitaine napolitain, le voyant plongé dans la mélancolie, lui conseilla d’embrasser la carrière des armes. Il lui promit les épaulettes d’argent pour l’année suivante, et lui montra dans l’avenir son ingrate maîtresse étonnée de son uniforme et de sa belle tenue, après cinq ans de campagnes glorieuses. Il parla des magnificences de la ville de Naples, nouvellement éclairée par une lumière sans huile ni mèches ; il appuya beaucoup sur la considération du peuple pour les militaires, et sur les délices de la musique du régiment, qui jouait la cavatine de l’opéra en vogue. Ces récits merveilleux, accompagnés des fumées du vin, entraînèrent le pauvre Zullino. Après quelques rasades il posa sa signature sur un morceau