du jour, et chantait en taillant une planche. Agata passa devant sa boutique en allant à la messe.
— Vous chantez de bon cœur, lui dit-elle ; on voit bien que vous n’avez pas de soucis.
— Voilà comme vous êtes, vous autres jeunes filles, répondit le garçon ; vous parlez de tout sans rien savoir. Apprenez que je chante pour m’étourdir et ne pas songer âmes peines.
— Quelles peines avez-vous donc ?
— J’ai de l’amour pour vous depuis hier, et comme vous ne voulez pas qu’on vous aime, je tâche de vous oublier. Demain, si je n’y ai pas réussi, je m’en irai à Lentini chez mon oncle le tonnelier.
— Le mauvais air règne à Lentini ; vous y gagnerez la fièvre.
— Mieux vaut la fièvre que d’aimer qui ne vous veut pas de bien. Je prétends mener ma tendresse pour vous comme ceci, à coups de maillet.
Zullino frappa si fort sur ses planches, qu’Agata effrayée recula d’un pas ; mais il se