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visites de cérémonie. En passant sur la place de l’Eléphant, nous nous arrêtâmes pour regarder les dames qui sortaient de l’église. Elles étaient toutes enveloppées de ces mantes noires dont j’ai déjà parlé, et qui donnent aux rues de Catane l’apparence d’un cloître ou d’un foyer de bal masqué, selon la disposition d’esprit où l’on se trouve.

— Savez-vous, me dit mon compagnon, comment nous appelons les femmes qui portent ce grand voile noir ? On les nomme toppatelles. Ce mot vient de toppare, qui veut dire cacher, ou de topo, qui signifie souris ; choisissez entre ces deux étymologies celle que vous voudrez. Nos jeunes filles possèdent l’art de draper à leur avantage ce vêtement funèbre. Il ne faudrait pas se fier à leurs airs de nonnes, car elles ressemblent à l’Etna, qui sommeille jusqu’au jour où l’éruption éclate. Une fois qu’elles sortent de leur indolence, rien n’arrête leurs petites passions. Si vous étiez venu ici en 1840, vous auriez vu la plus belle personne qui ait jamais porté le voile de soie noire. Celles-ci