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on se disperse au trot du vertueux et simple animal sur lequel notre Seigneur ne dédaigna pas de monter pour faire son entrée dans Jérusalem. Un usage général ne saurait paraître ridicule ; c’est pourquoi j’avais fini par adopter comme tout le monde cette manière de circuler, pendant mon séjour à Catane. Pour la somme de trente sous, j’avais un grand âne, sobre et infatigable comme un Sicilien. Il me portait toute la journée, et nous allions paisiblement en bonne intelligence par les rues et les chemins, sans qu’il fût besoin, comme à Castellamare et à Sorrente, de ces âniers toujours pressés qui vous suivent en poussant des cris sauvages, et qui tirent la pauvre bête par la queue pour la faire courir au galop.

Un jeune Sicilien avec qui j’avais voyagé sur le bateau à vapeur m’avait offert de me présenter à quelques personnes aimables de son pays. Il vint un matin me chercher, monté sur son àne ; je pris aussi le mien, et nous partîmes, ainsi équipés, pour aller faire des