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voyage. Le comte de M…, attaché à l’ambassade de Naples, homme instruit et poëte, m’avait annoncé par une lettre qu’il viendrait me prendre pour aller avec moi jusqu’à Palerme. Pendant les trois jours que j’avais encore à attendre, je m’abandonnai à cette paresse méridionale qu’on respire avec l’air de ce beau pays, et dont l’exemple des Napolitains m’avait appris à goûter le charme. Je passerais donc sur cette lacune pour achever le récit de mon excursion, si le hasard n’eût fait venir à ma connaissance une histoire populaire que je vous transmets, telle qu’on me l’a racontée sur le lieu même de la scène.

Dans toute la Sicile on se sert beaucoup des ânes. On attache sa modeste monture dans la cour d’un palais magnifique, et on la reprend lorsqu’on a fini sa visite. Le matin, de beaux messieurs gantés de blanc s’arrêtent devant un café pour boire une limonade sans descendre de leur âne. On parcourt le Journal des Deux-Siciles, on s’informe des nouvelles, et