Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 1.djvu/292

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 284 —

chaleur, et, comme ils en ont de reste, ils se multiplient et produisent sans culture. Les plus grands ont jusqu’à douze pieds de hauteur. Ils entremêlent leurs énormes raquettes en formant des groupes bizarres, tantôt rampant sur la terre comme des serpents, tantôt dressés en l’air et tordus par des convulsions. Souvent ils se rangent en bataille, et tout à coup ils s’entassent par pelotons dans un espace étroit, où ils figurent une mêlée grotesque. Les paysannes qui font sécher leur linge sur les figuiers d’Inde leur prêtent encore des vêtements fantastiques dont le hasard les affuble aussi bien que Callot l’aurait pu faire. C’est, du reste, une plante fort utile que le cactus ; elle ramène la terre végétale sur la lave, où elle seule parvient à prendre racine pendant un siècle entier avant que d’autres plantes y puissent venir, et elle prodigue par millions ses gros fruits succulents à la portée de toutes les fortunes.

Avant d’arriver au village appelé les Jardins, la voiture s’arrêta, et le postillon, nous