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me récompenser, sans doute, hélas ! parce que je l’aurai offensée de quelque autre manière.

C’est ainsi que la dame napolitaine termina l’histoire de la fille de l’Annonciade.


À la fin du mois de mai, à mon retour de Sicile, je me trouvais un jour pour la seconde fois dans le village de Sorrente, et je ne pensais plus à la trovatelle Antonia, ni à son mariage pittoresque. Les âniers me persécutaient avec leurs offres de service. Autant j’aimais cette monture simple parmi les paisibles Siciliens, autant il me répugnait de m’en servir dans les environs de Naples, à cause des procédés impitoyables du ciucciaïo pour le malheureux serviteur qui lui gagne son pain. L’âne est le plus vertueux des domestiques, le plus modeste et le plus résigné ; on le paye de toutes ses belles qualités en l’assommant ; on l’accable de besogne, et on le laisse mourir de faim. Avec la race de Caïn qui habite la