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— Malheureuse ! lui dis-je, qu’avez-vous fait de cette jeune fille ?

E annegata, me répondit-elle.

Je devinai ce qui s’était passé. Au fond du jardin se trouvait une citerne dans laquelle Antonia venait de précipiter sa rivale. J’appelai mes domestiques et je courus avec eux au secours. L’eau n’était pas profonde. Angelica fut retirée évanouie, mais non noyée, et nos soins la rétablirent en quelques heures. La Sorrentine n’était pas fille à pardonner. Sa première pensée en revenant à la vie fut la vengeance.

— Je lui rendrai cela, disait-elle, et je tâcherai de ne pas manquer mon coup.

De son côté, Antonia, au lieu de se repentir, n’écoutait que la jalousie, et répétait qu’une autre fois elle s’y prendrait mieux. Je délibérai entre deux partis : dénoncer le crime à la justice, ou abandonner Antonia et la rejeter dans la classe abjecte d’où elle n’eût jamais dû sortir. Mon esprit repoussait un troisième parti, celui de poursuivre ma tâche et