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vivent encore, retirés dans un coin de leur habitation, et laissant leurs vastes galeries aux fantômes de leurs aïeux. Ces rébarbatifs vieillards, peints par Titien ou Van Dyk, se regardent entre eux, étonnés de ne voir que des Anglais et des artistes, et s’imaginent sans doute que leurs petits-enfants ont conspiré contre la république.

L’étranger trouve partout une complaisance hospitalière. Quelque domestique endormi sur les banquettes de l’antichambre ouvrira pour vous les volets et les persiennes, et quand vous aurez parcouru tout le palais que vous croirez désert, vous entendrez par hasard, à travers une porte basse, les sons d’un piano.

— C’est, vous dira-t-on, mademoiselle qui étudie une sonate.

— Et le maître du logis, direz-vous, il est sans doute à la campagne ?

— Non, signor ; il habite cette petite chambre qui est là au fond ; il ne sort que par l’escalier dérobé. Le signor marquis prend son café dans ce moment.