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dire son nom, je la bénirai encore en rendant le dernier soupir.

— Va, tu es un coquin. Je m’appelle Antonia.

— Antonia, Antonia, Antonietta, Antoninetta, Nantina ! Oh ! le cher petit nom ! je le répéterai toute la journée avec tant de bénédictions et de prières, que saint Dominique, mon patron, apaisera le couroux de la madone.

Là-dessus Meneghe chanta d’une jolie voix de ténor la chanson populaire de la Cannetella, en y mêlant le nom d’ Antonia. Ma fille adoptive avait elle-même une belle voix de contralto, et je lui avais donné d’excellents maîtres de musique. Au second couplet, elle accompagna le chanteur à la tierce, et sa colère se trouva fort diminuée à la fin du morceau. Ils se séparèrent meilleurs amis qu’Antonia ne voulait l’avouer. Depuis ce jour elle revenait tous les matins au bois d’orangers, et passait une heure en tête-à-tête avec le petit ânier.

— Si tu ne veux pas chanter, lui disait-elle,