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Il faut maintenant, ajouta la dame napolitaine, que vous me permettiez de vous parler de moi. Après deux ans de mariage, n’ayant pas encore d’enfants, j’étais au désespoir. Je passais mon temps à faire des layettes que j’envoyais aux nouveau-nés de parents pauvres ; j’avais épuisé les messes, les neuvaines et les présents à l’église ; il ne me restait plus qu’une dernière ressource, la plus efficace de toutes : c’était d’aller à l’Annonciade, d’y choisir une trovatella et de l’adopter. Nos confesseurs nous assurent que ce moyen fléchit le ciel et met fin à la stérilité. Je partis donc un matin pour l’Annonciade. En voyant ces longs corridors sombres, ces murailles nues, ces vastes cours, ce mobilier chétif qui servait à tout le monde sans appartenir à personne, j’éprouvai une profonde tristesse. Mon cœur se serra en regardant ces enfants pour qui la famille était remplacée par une administration, des employés et un règlement. J’aurais voulu pouvoir les adopter tous. Lorsque j’eus annoncé dans quelle intention je venais,