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intelligence, et dans lesquelles ils font figurer Néron, Tibère ou Lucullus, comme d’anciens propriétaires du château voisin, et patrons de leurs grands-pères. Chaque débris de monument a sa légende. On pourrait former de tous ces récits un cours d’histoire récréatif, où l’on verrait quels souvenirs les grands de la terre laissent derrière eux parmi le peuple. Un vieux rameur me racontait une historiette touchant le pont commencé par Caligula, et dont les piliers existent encore. Au dire des marins de Baja, Claude, hésitant à poursuivre l’ouvrage de son prédécesseur, aurait consulté le hasard. À minuit, l’empereur, à table avec ses amis, écouta chanter les coqs de sa basse-cour, et comme les chants furent en nombre pair, désagréable aux dieux, il fut résolu que le travail du pont serait abandonné. En achevant son histoire, le vieux rameur se tourna vers le plus jeune de ses camarades et lui dit :

— Ce signor Claude avait une femme méchante et débauchée qu’il tua d’un coup de