Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 1.djvu/220

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 212 —

vue, mêlée aux lazzis, vous touche souvent plus que si elle venait d’un personnage plus sérieux.

De rares éclairs tragiques se font jour par moment, au milieu des farces napolitaines. Ils partent ordinairement de la jalousie ; cette passion aveugle étant l’endroit sensible du public, on tremble et on s’apitoie aussitôt qu’elle entre en scène. Dans la petite pièce du Marito geloso, l’exposition montre la femme d’un pêcheur attendant le retour de son mari. Le macaroni fume sur la table, et la fiasque est emplie de vin. La jeune femme s’ennuie de la solitude, mais elle n’ose aller chez ses voisines, car le mari est si jaloux qu’il pourrait la tuer sur un soupçon. Un orage gronde, et l’inquiétude la chasse enfin du logis. Elle court au rivage pour regarder si la barque revient. Pendant ce temps-là , un soldat suisse complètement ivre passe devant la maison, et, trouvant la porte ouverte, il entre , se croit dans une osteria, et appelle le garçon. Le souper est servi à point nommé. Il mange le ma-