Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 1.djvu/219

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 211 —

temps, ne fait que des ébauches et passe aussi légèrement sur une belle situation que sur une farce de tréteaux. Le désespoir paternel du pauvre Pangrazio, quoique trop bref, me causa une émotion très-vive, car il n’y a rien de plus doux que le mélange du comique et de la sensibilité. Les Italiens n’usent pas assez de cet alliage précieux qui est une des particularités de leur esprit les plus favorables à la bonne comédie. L’humour anglaise, que Shakspeare manie avec tant de force, n’a pas le même charme, à cause du levain amer que i’ironie apporte toujours dans la combinaison. Dans la bouche d’Hamlet elle serre le cœur péniblement ; dans celle de Falstaff elle amuse l’imagination et provoque ce gros rire qui fait trembler les larges pectoraux des marchands de la Cité de Londres. Le bonhomme Pancrace vous procure une émotion plus agréable lorsqu’il excite à la fois le rire et l’attendrissement. Parmi les sérénades qu’on fait chanter au Polichinelle sous les fenêtres de sa maîtresse, une phrase sentimentale et impré-