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lité comique, Polichinelle, interrogé par son maître, répond avant d’avoir entendu la question. Il dira oui trois fois de suite, et à la dernière ce sera non qu’il aura voulu dire. Don Pangrazio a la langue épaisse ; on est habitué à lui voir prendre un mot pour un autre. Il lui arrivera de dire à sa fille qu’il veut lui donner un carrosse quand il pense lui promettre une caresse , et voilà un imbroglio qui s’emmanche sur-le-champ.

Ces personnages dont les caractères sont connus du public ont l’avantage de seconder merveilleusement les intentions satiriques de l’auteur. Par cela seul qu’une classe de la société, un vice, une passion, sont représentés sous le masque du Polichinelle ou la perruque du Pancrace, le ridicule les atteint déjà. Il n’y a plus qu’à parler pour amuser à leurs dépens. Altavilla excelle surtout dans les reproductions de types populaires. Il sait le langage des pêcheurs, des lazzaroni, des femmes du vieux Naples et des gens de la campagne. Leurs faiblesses, leurs superstitions, leurs fureurs, lui