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en parliez, il vous regarderait de travers comme si vous vouliez lui acheter son ombre, ou bien il rirait en apprenant qu’on peut s’estimer heureux de voir sa pensée gravée et affichée derrière les vitres de M. Bernard Latte. L’air de Te voglio ben assaïe lui aura été inspiré par quelque jeune fille qui ne voulait pas penser à lui, et dont le cœur aura fini par être touché ; c’est là sa gloire et son profit. Il n’a plus besoin de chanter. Attendons à l’année prochaine ; de nouvelles amours amèneront peut-être une autre chanson.

Les Italiens ne montrent pas seulement leur goût pour la musique par les airs populaires. Des hommes du peuple qui assurément n’ont jamais été à San-Garlo savent pourtant les morceaux de l’opéra du moment. Un ouvrier au travail chante la romance de Linda, bat la mesure avec son marteau ou sa pioche, et ne manque pas la fioriture ajoutée par Mme Tadolini. Dans la rue de Tolède, le soupirail d’une cuisine vous envoie la fumée du macaroni mêlée avec un motif de la Somnambule ou de la