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d’ornements et de luxe. Des galetas sont embellis par des fresques ; les charrettes sont peintes, les mulets couverts d’oripeaux, de plumes et de grelots. Un vieux harnais raccommodé avec des ficelles étale encore un reste de galons et de clous en cuivre. Les bureaux de loterie sont éclairés comme des chapelles ardentes, et la Madone, entourée de cierges, placée au fond de l’établissement, abaisse ses regards mélancoliques sur les pauvres joueurs qui viennent jeter leur argent dans ce précipice. Des marchands d’oranges brûlent jusqu’à vingt-quatre chandelles, et enjolivent comme ils peuvent leur boutique avec de la verdure et des banderoles en papier. Le dimanche, les filles de Baïa, qui ne possèdent qu’un méchant jupon, se couronnent de pampres ou de laurier-rose pour aller à la danse ; elles se font des colliers et des bracelets avec de petites pierres de mosaïque ou des graines d’arbres, et tout cela est arrangé avec goût. On s’étonne dans le Nord que les femmes italiennes ne sachent pas s’habiller à la mode de