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tive et volontaire, dangereuse pour celui qu’elle aime, et impitoyable pour l’amant dédaigné. Il faut être Napolitain pour venir à bout de la dompter ou pour garder son repos en s’éloignant d’elle, et vous la retrouverez ailleurs que dans les rues du vieux Naples. Ce n’est pas là que sa rencontre est périlleuse. Le lazzarone qui lui prend le menton en passant et qui l’agace en se moquant d’elle sait la manière de se faire aimer ; cependant il est quelquefois victime lui-même. Il y avait jadis à Naples un juge d’instruction qui ne manquait jamais, en arrivant sur le théâtre d’un crime ou d’un malheur, d’adresser aux témoins cette question : « Où est la femme ? — Quelle femme ? lui répondait-on. — La femme qui est cause de l’événement. » Et toujours on lui désignait celle qui avait causé la catastrophe. Ce juge-là en savait long.

Les empereurs et les grands seigneurs romains, en choisissant le pays de Naples pour y établir leurs lieux de délices, ont transmis aux gens qui leur ont succédé un vague besoin