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L’homme du peuple y passe au rôle de consommateur et de chaland. Que d’occasions de dépense on offre aux quatre baïocs qui dorment dans la poche de son caleçon ! Des bretelles étalées à côté d’un poisson, des légumes avec des bonnets de laine, des souliers et de la viande. La cuisine volante fume auprès du ruisseau. L’odeur de la friture aiguise l’appétit. Gamache est devenu lazzarone , et on célèbre ses noces. C’est un pêle-mêle incroyable de victuailles, de friperie, de chaussures, de fromages et d’oranges.

Pour le bruit et l’agitation, le vieux Naples surpasse de beaucoup le reste de la ville. Le marchand qui s’adresse aux baïocs de l’homme du peuple se remue plus que celui qui vise aux piastres des cuisiniers et des intendants. Le rôtisseur suspend ses pièces de viande à une longue perche dont il entrave la circulation pour mieux vous les faire voir ; il vous les mettrait dans les yeux s’il pouvait. Au milieu de cette fourmilière, les habitants des mansardes, pour s’épargner la peine de descendre