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ainsi s’envole l’espoir d’un petit bénéfice !

La Villa-Reale est le domaine des enfants et du monde élégant. On y voit le matin les nourrices à larges tailles, avec leurs corsages garnis de clinquant, insignes respectables de leurs fonctions, dont elles sont très-fières. Celles de Procida ou d’Amalfi ont de belles figures. Le soir, les dames arrivent au jardin, et dans l’été, la musique militaire, qui est excellente, vient jouer sous les arbres les meilleurs morceaux de l’opéra en vogue.

Au delà de la promenade publique, en suivant le bord de la mer, vous passez devant la petite église de Piedigrotta, située au pied de la magnifique grotte de Pausilippe, et vous tombez au milieu d’une population de pêcheurs et de barcaroles. Tous les visages d’hommes y sont marqués d’un cachet antique. La misère n’a fait que les fortifier et les endurcir, et ils la supportent avec majesté. Leurs formes sont athlétiques ; on peut les admirer à son aise, car ces Hercules marins s’habillent volontiers comme Cincinnatus à la charrue. Celui qui