Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 1.djvu/136

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 128 —

accable d’injures et vous assommerait volontiers si vous avez quelque discussion avec lui. Le chichois de Marseille , qui est au gamin de Paris ce que la cour d’assises est à la police correctionnelle, vous noierait pour trente sous. Au contraire le facchino vous sert avec un dévouement poussé jusqu’au fanatisme. Il est fier de vous conduire ; il met de la passion dans l’esprit de domesticité, et il s’anoblit lui-même par les titres pompeux dont il décore celui dont il se fait l’humble serviteur. Je ne suis resté que douze heures à Arles, et j’y ai été trompé neuf fois sans me reposer.

Vous entrez dans un bureau de messageries de certaines villes du midi de la France. On vous offre un siège avec empressement, on chasse le chien qui ne bougeait pas, on bat les enfants qui ne disaient rien.

— Monsieur, vous dit-on, a bien raison de prendre notre voiture ; elle est si bonne ! elle va si vite ! Quelle place désire monsieur ?

— Une place de coupé.

— Que monsieur sera bien dans le coupé !