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sabots du cocher représentent le progrès, la queue poudrée est l’emblème du pittoresque, et quand le progrès entre d’un côté, le pittoresque s’en va de l’autre.

Afin de voir si, comme on le dit, tout chemin mène à Rome, je passai par Nancy, les Vosges, Plombières et Besançon. De cette dernière ville je partis pour Châlons-sur-Saône au milieu d’une troupe d’acteurs, et j’eus l’honneur de croiser mes jambes avec M. David, premier sujet du Théâtre Français, comme disait l’affiche de Besançon. Ô monsieur David ! vous ne saviez pas quels doux souvenirs cette rencontre réveillait dans mon esprit. Vous ne songiez plus au beau temps où vous étiez Britannicus et le Cid à l’Odéon. Ce fut pour vous voir que je portai ma première pièce de trente sous au bureau d’un théâtre, en sortant du collège. Il est bien tard, hélas ! pour vous payer mon tribut d’éloges ; mais la perruque de Rodrigue, votre habit d’Almaviva, votre manteau à l’espagnole et votre petite épée sont encore présents à ma mémoire. Je