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les nôtres, ont des proportions infiniment plus visibles. La vanité française elle-même, qui se fait citer dans le monde entier, n’est qu’un travers imperceptible auprès de celle de l’Italien lorsqu’il se mêle d’être vain.

Il y a quelques années, nous avons tous vu à Paris une espèce de fou, qui, avec un beau nom et une grande fortune, portait des habits délabrés, mettait de la graisse dans sa barbe et se donnait en spectacle avec un cynisme plein d’affectation. Naples possède dans ce moment un fou bien plus naïf. C’est aussi un homme de bonne famille, loquace et importun comme le nôtre, mais inoffensif, consciencieux dans sa folie et cent fois plus original. Il porte un casque de cuir, un carrick de forme étrange, des bottes de voyage pardessus le pantalon, et si larges que deux paires de jambes ne les rempliraient pas. Un sabre est attaché à son cou par une bretelle si courte que la poignée se trouve au-dessous du menton. Un arçon de cavalerie, suspendu par derrière au moyen d’une ficelle, contient