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ont perdu ou gagné, sauter sur l’enjeu avant que le dernier coup soit achevé. Ce sont des chats et des renards pour la défiance, la finesse et l’agilité. Qu’il arrive un étranger se mêler à leur jeu, ils s’entendront ensemble pour l’amorcer, l’enflammer peu à peu et le dépouiller ; et puis qu’il survienne un voleur à l’américaine leur faire un conte ridicule et leur présenter un appât grossier, ils donneront tête baissée dans le piège et seront dupés comme des nigauds. Celui qui tient un cornet de dés calculera comme un Barème toutes les chances et ne risquera pas un grain sans savoir où les probabilités veulent qu’il mette son enjeu. Après s’être défendu habilement contre le hasard, il s’en ira au bureau de la loterie sur la foi d’un rêve ou du livre de la Smorfia.

Depuis le pied des Alpes jusqu’à Reggio de Calabre, l’exagération est un état normal. Le fou, le maniaque, l’amoureux, sont trois fois plus fous, plus maniaques et plus amoureux que nous. Les ridicules, moins nombreux que