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tit simultanément une piqûre au bras, à la gorge et à la poitrine. Elle porta la main aux points douloureux et son doigt rencontra trois têtes d’aiguille.

« Le patron de Julienne, M. Devaux, épicier à Saint-Germain-en-Laye, conduisit aussitôt son employée chez M. Mouchy, un pharmacien voisin, qui extirpa, non sans quelques difficultés, les aiguilles.

« Mais, hélas ! sa besogne n’était pas terminée. À chaque instant, Julienne Landrieux est obligée de recourir aux bons soins du pharmacien, car les aiguilles semblent s’être donné le mot pour sortir. Il en apparaît sur les parties les plus imprévues du corps : une vingtaine sur le dessus d’une main, une dizaine sur un bras, une demi-douzaine dans le cou et près de l’œil, etc. L’insouciante jeune fille en attend même encore. Loin de s’effrayer, elle s’amuse presque de cette sortie en masse, sans se douter du danger que peut lui faire courir une seule de ces petites pointes d’acier dévoyées.

« La majeure partie d’entre elles sont blanches et propres ; quelques-unes, cependant, sont rouillées et il y en a de cassées. Toutes partent la tête en avant.

« Il y a déjà quatre jours que dure la sortie des aiguilles, et il est impossible de savoir au juste quand cesseront les visites au pharmacien. »

Cette petite histoire n’est pas banale, sans