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aux choses les plus désagréables et je me disais que peut-être cet état tant chanté par Molière et les écrivains de son temps était sans doute du nombre et puis précisément parce qu’il était très réellement intelligent, je me flattais toujours de la douce pensée et de la consolante espérance que si un jour il en avait assez, il aurait au moins le bon esprit de se souvenir de la maxime célèbre d’Alexandre Dumas fils et de tuer tout uniment se femme et non pas lui, ce qui serait conforme aux lois de l’équité et de la justice les plus rigoureuses, puisque, en définitive, sa femme était la seule coupable.

J’en étais là de mes réflexions personnelles et intimes, lorsqu’un beau matin il me dit :

— Tu sais, mon cher, le procédé pour tuer les caïmans, eh bien je crois être sur la trace de son application à l’homme…

— Tu es fou.

— Pas du tout, tu as certainement entendu parler des lavages de estomac avec un petit tube en caoutchouc que l’on arrive à avaler assez facilement avec un peu d’habitude.

— Oui.

— Eh bien, de là à vous faire avaler une pilule reliée par un fil métallique souple et presque invisible à une pile électrique, il n’y a qu’un pas ; tu comprends, c’est simple comme tout, on presse sur un bouton, et crac, ça y est ; avec une décharge foudroyante toute la place d’armes est réduite en bouillie…