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Ces braves gens remarquèrent la chose en riant et dirent :

— Tiens, les deux font la paire !

— Ça nous portera bonheur…

Le lendemain les deux tas avaient doublé et ainsi de suite tous les jours !

Les hommes en arrivèrent, intrigués et surpris, à attendre le passage des express et toujours automatiquement « ça » tombait au moment précis du passage en coup de vent des wagons sur la pointe exactement des deux tas grossissant à vue d’œil. Au bout de huit jours ils étaient réunis, au bout de douze ils débordaient, au bout de quinze les deux tas étaient si haut que les trains les labouraient en passant, c’était horrible !

Le haut personnel averti, craignait un déraillement, car à la fin la matière fait cale, en durcissant au soleil et l’on appelait plus la ligne de Lyon à Marseille que la ligne de Cambronne. Des ingénieurs, des employés supérieurs montèrent dans les express pour se rendre compte du fait, pour distraire les voyageurs au passage fatal ! Rien n’y faisait et souvent c’étaient eux-mêmes qui étaient pris de coliques au moment psychologique et qui apportaient leur contribution personnelle aux deux tas désormais historiques. La Compagnie avait été obligée de créer une équipe qui déblayait les deux voies toutes les semaines et jamais les chutes ne se produisaient seulement à un centimètre d’écart et la Compagnie avait