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le souvenir de séries légendaires et tout à fait extraordinaires. La rouge va sortir vingt fois de suite et tout le monde connaît l’histoire de ce jeune officier allemand qui entre dans la salle de jeu du casino de Bade, jette sur la table l’unique louis qu’il avait en poche, gagne, double, regagne, redouble jusqu’à ce qu’il ait fourré dans sa poche cent mille francs, en moins d’une heure.

Alors il se lève, dit tranquillement : « j’en ai assez » et s’en va, à la stupéfaction de la galerie et du banquier. Chose curieuse, il aurait continué, qu’il aurait tout perdu le coup d’après ses cent mille francs et plus avec ; depuis, cet homme n’a jamais touché aux cartes que cette fois dans sa vie, ce qui est une façon de parler, à propos de la roulette !

— Avouez que ces exemples sont tout à fait démoralisants et capables de faire tourner les têtes un peu faibles, tout le monde se figure qu’il sera dans le cas de ce jeune officier, c’est l’histoire de la loterie qui ruine le peuple en Italie, car l’on court toujours après le gros lot, soutenu par l’espoir chimérique d’être l’heureux gagnant !

— C’est aussi mon avis, mais tout cela n’est rien à côté de l’extraordinaire aventure qui me revient en mémoire.

— Contez-la moi.

— En vérité, je ne sais si je le puis, car je dois vous avouer que c’est une histoire…

— Scabreuse ?