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notre civilisation est si parfaite que cela et si les pauvres noirs, dans l’intérieur de Afrique, soi-disant sauvages, auraient ainsi laissé ces malheureux chercher un refuge dans la mort ! Certes non et ils auraient au moins su partager avec eux leur morceau de cassave ou de poisson séché aux soleil des tropiques.

J’arrive à mon troisième fait divers ; il m’est envoyé en droite ligne de Rome et comme, suivant le procédé cher à Victor Hugo, il joint le rigolo à l’horrible, le grotesque au drame et le bouffon au tragique, il évoque tout à la fois en vous des sentiments de pitié et des nausées. Je cite la dépêche :

« Le Sénat, constitué en haute cour, a acquitté le professeur Antonino Dantona, sénateur, qui était accusé d’avoir, dans une opération chirurgicale, laissé un tampon de gaze dans le ventre du patient, qui avait succombé.

Le Sénat a décidé qu’il n’y avait pas eu crime. »

À la suite de ce jugement plutôt optimiste et qui rappelle un peu trop Pangloss, on affirme que les honorables pères-conscrits se seraient réunis en comité secret pour élaborer un petit manuel tout à la fois précis, sévère, mais juste à l’usage des médecins, praticiens, chirurgiens et vétérinaires en général :

1o Il est permis aux praticiens d’être distraits comme à tout le monde ; donc le fait de laisser dans le ventre du patient des tampons de gaze ou