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complètement découragés, prirent, mardi soir, la résolution de mourir ensemble.

Au plafond de la petite chambre qu’ils occupaient au rez-de-chaussée du 28 de la rue des Cordelières, se trouvait un solide piton, destiné à une suspension. Les deux désespérés y attachèrent solidement chacun une corde, s’habillèrent de leurs plus beaux effets, montèrent sur une chaise et, après s’être donné, dans un suprême adieu, un dernier baiser, ils se passèrent chacun leur corde au cou, et se lancèrent dans le vide, après avoir renversé du pied leur chaise.

Hier matin, la boulangère ne voyant pas venir à son travail sa porteuse de pain, se rendit à son domicile.

Elle frappa à la porte et n’obtint pas de réponse ; elle regarda alors à travers un carreau de la fenêtre et recula épouvantée. Les deux époux, étroitement enlacés, étaient suspendus dans le vide ; la mort semblait déjà remonter à plusieurs heures.

Sur leur table, les désespérés avaient laissé une lettre, dans laquelle ils déclaraient se donner la mort, en présence de l’impossibilité dans laquelle ils se trouvaient d’arriver à joindre les deux bouts.

Ils priaient leurs amis de n’apporter à leurs obsèques ni fleurs ni couronnes et demandaient à être inhumés ensemble ».

Quand on assiste à de pareils drames, l’on se demande parfois avec une certaine inquiétude si