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fin qui, à soixante-et-onze ans, était vraiment bien fait pour constituer un mort.

Mais voilà qui m’a beaucoup plus ému et j’avoue que je ne suis pas arrivé au bout de ce récit tout à la fois sentimental et tragique, sans éprouver une très violente émotion ; j’aurais voulu en faire la lecture tout haut, que les sanglots m’auraient empêché d’aller jusqu’au bout.

« Le commissaire de police du quartier Croulebarbe a constaté, hier, le suicide par pendaison, 28, rue des Cordelières, des époux Vey, âgés de cinquante-huit et quarante-sept ans.

Les époux Vey, mariés depuis de nombreuses années, étaient très connus et estimés dans le quartier de Croulebarbe qu’ils avaient toujours habité.

Lui, ouvrier mégissier, gagnait de fortes journées et travaillait régulièrement ; elle, très courageuse, était employée comme porteuse de pain, dans une boulangerie, 5, boulevard Arago.

Le ménage, dont les goût étaient très simples, était des plus unis ; il aurait vécu très heureux si, il y a deux ans, un accident très grave n’était arrivé au mari, le mettant dans l’impossibilité complète de continuer à travailler.

Dès lors, malgré le courage de Mme Vey, la misère s’installa dans ce foyer, naguère si heureux, d’autant plus vite que la malheureuse femme, atteinte de douleurs aux jambes, ne pouvait plus que difficilement monter les escaliers.

Les deux époux, las de lutter sans succès,