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cieux dans vos mains et je vais vous indiquer encore un truc pour vous en servir et arriver à découvrir les criminels. Ce n’est pas pour rien que mon père était juge et puis j’ai connu des assassins di primo cartello qui n’étaient pas bêtes et qui, se méfiant des juges d’instructions fouinards, ne travaillaient jamais qu’avec des gants de peau épais, de manière à ne laisser aucune espèce d’empreinte entre les mains d’une justice aussi indiscrète que gênante.

Mon truc photographique est bon, mais seulement dans le jour ou si le crime a été commis avec une forte lumière.

Vous savez qu’au moment où le bœuf, le col baissé, la face tournée contre la terre, reçoit le coup mortel, les pavés de l’abattoir, la dernière vision perçue sont photographiés et immobilisés sur la rétine de son œil. Eh bien, il en est parfois de même si l’assassin a frappé en face sa victime, on peut retrouver son portrait dans l’œil ou les yeux de sa victime. Mais il faut reconnaître que ce moyen est infiniment plus vétilleux et aléatoire !

Oui, mon cher maître, le premier moyen, celui qui consiste à recueillir la signature du criminel par l’empreinte de son pouce, de ses doigts, de sa main, en un mot, est toujours infaillible et en vous le livrant ici pour rien, avec ma précoce expérience de fils de magistrat, non seulement j’ai la conscience d’accomplir une bonne action, mais j’ai encore celle d’avoir fait faire un pas incommensurable à l’anthropométrie, cette science inven-