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— Vous m’étonnez, je crois simplement que c’est un veinard.

— Je vous demande pardon, je l’ai surpris faisant sauter la coupe à diverses reprises — ce qui était un mensonge — et ma foi, en vous voyant suivre ainsi son jeu, je vous ai pris pour son complice…

— Monsieur !

— Il n’y a pas de Monsieur qui tienne et je vous considère encore comme tel lui dis-je sur un ton menaçant.

Le malheureux balbutia, devint pâle comme un mort et me dit à mi-voix sur un ton suppliant :

— Vous êtes de la police ?

— Non, je suis journaliste et romancier et je veux tout savoir ou je vous fais arrêter.

— Non monsieur, ne faites pas cela ; je vais tout vous dire et vous raconter mon histoire. Fils de veuve, je perdis ma mère et me trouvai absolument sur le pavé, puisque nous ne vivions que de la pension qu’elle avait comme veuve de fonctionnaire. Forcément, j’abandonnai mes études et je fis un peu de tout pour vivre, jusqu’au jour où, entrant chez un bookmaker, j’appris tous les métiers concernant les jeux sous toutes les formes ; pendant deux ou trois ans je courus tous les champs de courses et toutes les villes d’eaux de l’Europe entière et bientôt le pari à la cote ou mutuel, les petits chevaux et tous les jeux et combinaisons connus pour dépouiller le gogo, le pante ou