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croire un mot et, comme on lui avait dit qui j’étais, il se doutait bien que je ne prendrais pas à la lettre tout ce qu’il me disait.

— Vous connaissez sans doute beaucoup Paris ? lui dis-je un soir à brûle-pourpoint, car, pour un Argentin, vous me paraissez joliment Parisien.

— Oh ! fort peu, je n’y ai jamais séjourné bien longtemps, car le bruit de votre belle capitale m’étourdit un peu.

Cela me fit dresser l’oreille. Quel intérêt cet homme avait-il à dire qu’il ne connaissait pas Paris ? J’étais naturellement convaincu du contraire.

Quel intérêt cet homme avait-il à se lier ainsi avec moi, qu’il savait un modeste homme de lettres, et surtout, pourquoi me questionnait-il toujours — oh ! très discrètement — sur mes amis, sur mes relations, précisément à Paris ?

— Alors, fis-je, vous avez l’intention de vous fixer à Paris, et vous ne seriez pas fâché d’être présenté dans le monde des lettres et des arts, cet hiver ?

— Mon Dieu, oui et non ; vous vous méprenez sur mes intentions qui sont tout à la fois plus modestes et plus pratiques. Sur mes vingt-cinq millions de capital pour ma future société, on m’en a déjà promis plus de vingt, et je ne serais pas fâché de pouvoir trouver rapidement le reste auprès des capitalistes que vous connaissez, sans aucun doute.