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— C’est pourtant bien simple. Comme tous les régicides qui se respectent, n’est-ce pas ? Je suis italien, napolitain même, c’est-à-dire paresseux et aimant à gagner de l’argent sans grand mal. Vous savez bien que chez vous, sous Louis-Philippe, il y avait tout le temps des attentats contre le roi.

— Parfaitement.

— Eh bien, c’est lui qui payait des policiers malins, dressés, à la coule, comme vous dites, pour faire des simulacres d’attentats pour relever son crédit et sa popularité et faire voter aux Chambres des apanages pour ses gosses et Dieu sait s’il en avait.

— C’est juste.

— J’ai repris et modernisé tout simplement ce procédé ; un roi, un empereur, un souverain est-il embêté par ses ministres, par son parlement, vite j’organise un complot ; parfois on va jusqu’au petit attentat et je tire à blanc sur un cheval de l’escorte. Mais comme il y a le gros danger de la foule je ne marche que si je suis sûr d’être arrêté de suite, c’est-à-dire protégé par la police. Et naturellement, comme après l’évènement le roi est certain d’être tranquille pendant une couple d’années, il me fait tenir la forte somme, sans compter les cadeaux…

— C’est merveilleux !

Et avec une pointe de légitime orgueil, il ajouta négligemment :

— À l’heure présente, je puis me flatter d’avoir