Page:Paul Vibert - Pour lire en bateau-mouche, 1905.djvu/488

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 461 —

raison. L’administration furibonde et exaspérée ne veut pas céder et va créer une escouade d’inspecteurs experts pour examiner les ordures de tout un chacun.

C’est complètement idiot, mais ça fera toujours des places nouvelles à payer pour les contribuables et ça fera aussi toujours des palmes et surtout des poireaux à donner — ce sera même là leur vraie destination.

Mais voilà en quoi la chose me touche et m’inquiète beaucoup : que vais-je faire moi-même de mes détritus et ordures professionnels ? Voyons, monsieur : le Préfet, soyez humain.

Depuis quinze jours, pour ne pas contrevenir à votre ordonnance et éviter une contravention, je suis obligé d’avaler tous mes vieux fonds d’encrier, mes rognures de crayons, mes vieilles plumes de fer, tous mes papiers gâchés. J’ai des maux d’estomac affreux et je dépéris à vue d’œil et tout cela parce que je n’ai plus le droit de jeter tous les matins mes ordures professionnelles dans la rue. C’est véritablement une alternative terrible : ou une contravention ou la mort. Pour peu que cela continue je vais quitter Paris.

Prenez garde, M. le Préfet de police ou de la Seine, MM. de la voirie, c’est avec des mesures tout à la fois aussi draconiennes et aussi charentonnesques que l’on tue et que l’on dépeuple une grande ville et si vous ne vous décidez pas à être enfin moins féroces et rétrogrades avec nos détritus et ordures de commerce, professionnels ou