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dre à faux poids, à la tromper sur la qualité et la provenance. C’est impossible, vraiment c’est impossible.

J’ai bien pensé à me faire couturier pour dames ; j’ai du goût, du coup-l’œil, tout ce qu’il faut, mais je me suis dit que passer son temps à corriger les imperfections de la nature, et donner des charmes, des appas aux femmes qui n’en possèdent point serait encore une véritable tromperie, une lâche trahison envers mon sexe, et j’y ai également renoncé.

Vous allez peut-être me dire que je suis bien chatouilleux sur l’honneur pour un pick-pocket-cambrioleur, même de la haute.

À cela, je vous répondrai, Monsieur, que je ne me suis jamais adressé qu’à des gens très riches, ayant plus ou moins mal acquis leur immense fortune et que ma profession ainsi comprise, avec cette hauteur et cette indépendance de vue, devient une véritable fonction publique, destinée à rétablir l’équilibre entre les classes. La portée profonde de cette simple observation au point de vue économique et social, ne saurait certainement pas vous échapper !

Mais je poursuis : c’est l’ensemble de ces considérations, aussi variées que sérieuses, qui m’a incité en cette grave occurrence à m’adresser à vous pour acheter un fonds de prestidigitateur-illusionniste. Je vous l’ai dit, je connais le métier aussi bien que le plus malin des professionnels. Ce que je veux, c’est simplement avoir une pro-