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dant tous mes grades et étant majeur, je manifestai à mes parents qui commencaient à vieillir et gagnaient modestement leur vie en Angleterre, mon ardent désir de venir travailler à Paris.

J’étais jeune, élégant, bien découplé, instruit, adroit et souple à rendre des points à tous les Robert Houdin, à tous les frères Isola du monde, fussent-ils japonais, et je résolus de ne me livrer qu’à la grande cambriole, au cambriolage vraiment supérieur et artistique, comme celui de l’hôtel Panis-Panis, ou à la profession de pick-pocket dans les grands bars et les cercles politiques, où j’avais pu voir travailler des hommes du meilleur monde, des diplomates de marque, habitués à crocheter les consciences les plus fermées en cinq sec.

Cela me permettait d’abord de me faire de jolis revenus et ensuite de mener officiellement une vie d’homme du monde désœuvré, en gardant simplement le beau titre d’hidalgo que je tenais de mon père, confiant dans mon étoile et persuadé que je finirais bien par grandir un jour ou l’autre, comme tous ceux de ma race !

Tout cela marcha ainsi à souhait pendant des années et un jour, à trente ans, je me trouvais à la tête d’assez jolies économies, de sept décorations exotiques et membre des clubs les plus en vue, lorsque je tombai amoureux fou d’une jeune péruvienne aux yeux de feu, qui a la bonté extrême de me payer de retour.

Mon futur beau-père n’est pas exigeant sur la