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de nos artistes contemporains, des états-civils. Voulez-vous que je vous dise comment on fait des momies d’Égypte à Paris ?

On achète quelque part un squelette et on l’entoure de bandelettes. C’est un travail assez long et fort minutieux. On commence par le petit doigt de la main droite ou gauche, et l’on continue par les autres doigts ; on réunit ensuite les cinq doigts avec de nouvelles bandelettes fort serrées, puis l’on fait la main, le bras, on remonte un peu les épaules, suivant l’anatomie de la race égyptienne, on colle les bras le long du corps et on recommence le jeu des bandelettes jusqu’au bassin.

On reprend ensuite le squelette par les pieds et l’on procède pour les doigts de pieds, les pieds et les jambes comme je viens de le dire.

Le squelette bien et dûment bandeletté, on trace quelques figures plus ou moins hiéroglyphiques, sur des bandelettes avec de la mine de plomb — le crayon ou la plume rendraient le travail invraisemblable —, et l’on trempe le squelette devenu rigide dans une composition de poix et de résine bouillante bien liquide. On laisse sécher et la momie est faite, vous pouvez l’attribuer à Ramsès ou à n’importe quelle dynastie.

Mais ce n’est pas tout. La momie n’est pas encore en état d’être vendue à l’amateur. On fait alors le sarcophage ; les sarcophages se fabriquaient encore naguère assez loin du Nil, à Montrouge, près Paris.