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temps de Sésostris et toutes les monnaies de la Thèbes aux cent portes et toutes les momies les plus authentiques des Pharaons et de leurs augustes familles !

J’ai même connu un arabe passé maître dans cet art des reconstitutions, qui, en roulant fort galamment les Anglais, pourtant méfiants, s’est constitué, de la sorte, et rapidement, une fortune de plusieurs millions.

— Tout cela est archi connu, me direz-vous ?

— Je le sais, mais ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que par derrière toutes ces curiosités aussi fallacieuses que peu artistiques, il y a des usines, des fabriques véritables d’antiquités qui ne le sont pas et c’est ce que l’on oublie et ce qui est amusant.

En Normandie, il y a des usines de céramiques qui approvisionnent toujours les paysans de vieux Rouen, à la corne, ou sans corne, polychromes ou monochromes, sonores ou non. Et comme les gens qui se disent malins, savent que depuis longues années tous les vieux Rouen ont été raflés par les musées et les grands seigneurs du pays, les fabricants qui déposent les fausses céramiques dans les chaumières pour partager le bénéfice avec les paysans, envoient circuler chez les dits herbagers, dans leurs masures, de faux chineurs qui vont simplement régler les comptes, mais font semblant de rechercher les pièces rares !

Ça c’est le comble de l’art, c’est fait pour ins-