Page:Paul Vibert - Pour lire en bateau-mouche, 1905.djvu/44

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 17 —

timbré en forme, ne touchèrent qu’un faible acompte et la pauvre petite partit avec le ménage du tailleur qui était devenu ses barnums improvisés.

Si j’ai bonne mémoire, la tournée dura trois ans et la jeune fille rapporta une véritable fortune à ses cornacs, car, en effet, comme le disaient les affiches et les prospectus ad hoc, elle avait vraiment par son intelligence rare, son adresse surprenante et la beauté de son visage fait l’admiration de toutes les cours de l’Europe qui avaient tenu à la voir, à la choyer et à lui laisser des cadeaux souvent importants.

Lorsque sa tournée terminée, elle était revenue dans son village natal avec le ménage enrichi du tailleur, ce dernier avait refusé carrément de payer à ses parents les dix mille francs convenus, arguant que le contrat était immoral et illicite et par conséquent non avenu, ce qui était un raisonnement assez étrange dans la bouche de ceux qui précisément en avaient profité, et c’est alors qu’ils portèrent, d’un commun accord, le différend devant mon père. Les parents amenèrent avec eux la jeune Amanda qui était alors une jeune fille de dix-huit ans d’un visage agréable et c’est ainsi que j’eus l’occasion, pendant mes vacances, de la voir à plusieurs reprises et d’être vraiment stupéfait et de son intelligence, et de tout ce que je lui voyais faire avec ses dents, ce qui tenait vraiment du prodige ! Son père l’asseyait sur un fauteuil du cabinet de mon père et elle avait alors