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en manquent et réalise ainsi une greffe tout à fait invisible. C’est le comble de la prothèse dentaire appliquée au cabinet de toilette d’une jolie femme et il n’est pas douteux que cet homme ingénieux n’arrive promptement à une belle fortune.

Le second inventeur est simplement un jeune télégraphiste encore imberbe, ce qui prouve bien que la valeur n’attend pas toujours le nombre des années. En distribuant ses petits bleus et en faisant le pied de grue dans la plupart des immeubles de son quartier dont les pipelets sont toujours absents, il a eu l’idée véritablement géniale de fabriquer une laisse nickelée — un vrai bijou — pour retenir les concierges à leur loge.

Il y en a de plus ou moins longues, il y en a pour les pieds et d’autres pour les mains ; il y en a d’assez longues pour pouvoir aller jusque chez le troquet voisin. Enfin il y en a pour le cou, destinées aux cerbères vraiment méchants et grincheux.

Il a commencé à envoyer une modeste circulaire à tous les propriétaires de Paris et des capitales dotées de la belle institution du concierge et dès les premiers jours, il a reçu 57 983 commandes fermes, à telle enseigne qu’il a trouvé de suite des capitaux et qu’il va élever une vaste usine à Saint-Ouen, boulevard Victor Hugo.

Du reste ce succès ne me surprend pas, car son invention est bien faite pour rendre la sécurité aux locataires, pour ruiner, du même coup,