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Inutile de dire que ses parents la reçurent et l’élevèrent sans enthousiasme ; cependant, comme à cinq ou six ans, elle montrait déjà par tous les moyens en son pouvoir, la pauvre petite, une intelligence et une adresse vraiment surprenantes pour son état, montant les premiers degrés d’une échelle avec son menton en reposant la partie inférieure de son corps sur le degré inférieur, une famille riche se chargea de l’envoyer passer quelques années aux Sourds et Muets, avec un professeur femme spécialement attaché à sa personne.

Quand elle revint quelques années plus tard, elle parlait admirablement, d’une manière posée, seulement avec les hauts et les bas dans l’intonation, si j’ose m’exprimer ainsi, caractéristiques de la parole des sourds et muets. Elle brodait, cousait, faisait tous les travaux de femme avec ses dents et de même écrivait en ronde et en anglaise superbes, toujours en tenant la plume entre ses dents.

Enfin, plus que jamais, elle montait avec une certaine agilité à l’échelle et trouvait le moyen de déambuler relativement dans la maison.

Sur ces entrefaites, ses parents ayant perdu une partie de leur petit avoir, un tailleur du pays et sa femme leur offrirent dix mille francs pour emmener leur fille à travers l’Europe et l’exhiber naturellement contre de l’argent.

Les braves gens ne virent pas ce que ce contrat avait d’immoral ; ils signèrent un papier