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— Oh ! par exemple, je connais bien les qualités industrieuses de nos bons amis les Japonais, mais vous commencez tout de même à m’intriguer.

— C’est cependant comme j’ai l’honneur de vous le dire ; encore un cigare, un petit verre de fine, le coup de l’étrier, ce qui est absurde depuis que nous ne montons plus qu’en bicyclette et dans dix minutes nous sommes chez lui.

En effet j’étais bientôt au milieu d’une immense propriété, admirablement entretenue :

— Diable, ça a l’air cossu ici ?

— Mais, mon cher, avec ses primeurs, notre japonais est simplement en train de faire fortune ; du reste c’est mérité… Mais chut, le voici.

Les présentations furent bientôt faites, nous nous étions vus à Paris à l’exposition universelle et chez des marchands de curiosités et sans plus tarder il m’offrit de me montrer quelques-uns de ses produits, comme il disait modestement, en fruits et en légumes :

— Et tout d’abord, Monsieur, laissez-moi vous mettre en garde contre les amicales exagérations de notre ami commun qui vous aura parlé de phénomènes, de tératologie végétale, de monstres de la flore que je crée à volonté, croyez bien qu’il n’y a rien de tout cela. Mon principe unique est de faire très petits les gros fruits et légumes et très gros les petits fruits et légumes, parce qu’alors on obtient des résultats amusants (sic).