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les bonnes, les domestiques, les militaires écrivant à leur payse ou à leurs parents pour leur tirer une carotte ; mais il y avait aussi tous les illettrés du peuple qui avaient une affaire, une contestation à élucider et alors ils donnaient de vraies consultations de droit et dressaient des actes sous seing privé entre les parties. En un mot, ils étaient à l’avocat, ce que l’apothicaire était au médecin.

Que voulez-vous ? Chacun va suivant ses moyens et puis l’on était certain de rencontrer auprès de ces braves gens une honnêteté professionnelle. que l’on ne trouvait pas toujours ailleurs pour beaucoup plus d’argent.

Mais ce n’est pas tout ; il y avait encore toute une classe de jeunes et modestes citoyens qui avaient recours de temps en temps aux services de l’Écrivain Public, quand ils avaient pu soustraire quelques sous à la rapacité de leurs patrons. J’ai nommé les petits ramoneurs — Italiens, Suisses où Savoyards — encore un métier disparu — qui avaient une âme sensible d’enfant sous leur face noire et éprouvaient le besoin bien naturel d’envoyer de temps en temps de leurs nouvelles à leurs parents, perdus, là-bas, bien loin, dans les neiges des montagnes natales…

Mais je n’arrête pour essuyer une larme de rétrospective émotion au souvenir de ces pauvres mioches !

Bientôt on a fait des cheminées trop étroites et le petit ramoneur à disparu.