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en 1885, lui le grand restaurateur de l’Histoire universelle dans l’antiquité et l’auteur des Girondins, le seul poème épique que possède la France, je vis un petit ramoneur, qui avait une mine charmante sous son fard noir et mon petit neveu Maurice, qui avait bien deux ans, voulait absolument l’embrasser et lui donner son gâteau… Ce tableau de genre, pourtant bien simple, m’émut cependant beaucoup, car il fit tout à coup repasser devant mes yeux toutes les scènes de mon enfance.

Depuis je n’ai guère entendu parler des petits ramoneurs et j’en ai encore moins vu et si j’ai omis de les faire figurer dans mon volume sur les Industries nationales, dans la partie consacrée aux industries qui disparaissent, C’est que vraiment je trouvais qu’il y avait là plutôt un métier anecdotique qu’une industrie proprement dite.

À Paris et dans toutes les grandes villes il y a belle lurette qu’avec les cheminées actuelles à tuyaux étroits, de terre cuite ou de briques, il n’y a plus de ramoneurs, mais seulement des fumistes établis dans le quartier et que l’on va chercher à l’automne, chaque année, pour nettoyer les cheminées.

En province, s’il y a encore des petits ramonats, c’est-à-dire des enfants de ces fortes races de travailleurs : savoyards, auvergnats, limousins, italiens, ils ne sont plus noirs, ils sont blancs, ils ont fait peau neuve, ils ne s’appellent plus des