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Les petits ramoneurs

Un métier qui disparaît. — Souvenir d’enfance
Une bien bonne blague.
L’œuvre des petits ramoneurs

Lorsque j’étais enfant, — ça ne remonte pas à hier, — tous les cris de Paris faisaient ma joie : le marchand d’huîtres, en poussant sa petite voiture, criait : à la barque, à la barque ; puis venaient la marchande de chiffons, le vitrier, le fontainier, tué par les filtres Pasteur, le marchand de cartons ronds, cartons carrés, cartons ovales, puis le soir le montreur de la lanterne magique !

Mais j’étais surtout heureux de contempler les pauvres gosses hâves et chétifs qui vendaient du mourron pour les petits oiseaux et les petits ramoneurs tout noirs — les petits ramonats qui ramonent du haut en bas, — comme ils criaient dans la rue, avec leur corde et leur tête de loup métallique sur l’épaule.

Je sentais là comme des copains, comme des petits frères et les questions sur leur sort et leur métier ne tarissaient pas…

Plus tard, un jour, il n’y a pas loin de vingt ans, à Mer, dans le Loir-et-Cher, chez mon père qui devait mourir là, modestement juge de paix