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prisme frappé par un rayon de soleil et l’homme poussant un grand cri de terreur laisse tomber sa lanterne et son couteau, tombe lui-même comme une masse, se brise à moitié le crâne sur angle de la table et est saisi d’une violente attaque d’épilepsie.

À ce tintamarre d’enfer, Onésime Ferbatu se réveille et ouvre l’œil — le bon — il aperçoit la lanterne par terre, la ramasse, voit la lame du couteau briller dans un autre coin et l’homme écumant à ses pieds.

Il a tout compris sans démêler la cause réelle et, s’élançant comme un fou, va réveiller sa bonne, son jardinier, la femme de celui-ci qui va quérir des voisins et dix minutes après l’homme, solidement ligoté, est conduit à la gendarmerie.

Quand le juge d’instruction l’a interrogé, il a répondu :

— C’est l’œil !

— Je vois ce que c’est, se dit le juge, ce misérable a lu Victor Hugo : c’est la conscience.

— La conscience ! mais non, c’est l’œil du proprio.

Et l’on eut beaucoup de mal à débrouiller cette affaire. Enfin Madame Zoé expliqua comment son mari dormait, toujours son œil de verre ouvert, et comment il était justement brisé — je parle de l’œil — depuis deux jours.

Le juge voulut reconstituer la scène. Ce fut tout à la fois terrible, tragique et grotesque, et