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L’art de mirer les œufs

Les mirettes. — Poste légué de père en fils.
Aux halles.

La mode arrange et souvent dérange tout et l’on retrouve la coquine partout, même dans notre belle langue française.

C’est ainsi que petit à petit des mots populaires et parfois même populaciers — ce qui n’est point du tout la même chose — qui se sont galvaudés dans le ruisseau, finissent par trouver grâce auprès des Belles-Madames qui leur accordent droit de cité et parfois on voit le vieux faubourg condescendre, dans son snobisme, jusqu’à daigner leur donner un titre de noblesse, comme si ces mots vigoureux et solides en avaient besoin !

Mais c’est ainsi, également, que petit à petit des quantités de vieux mots, imagés et charmants, disparaissent, sinon de la langue, au moins de la circulation et c’est là ce que je déplore amèrement.

Autrefois on appelait familièrement les yeux des mirettes et je ne sais pas de vocable tout à la fois plus caressant et plus poétique.

Mire dans mes yeux, tes yeux,
Tes jolis yeux bleus.