Page:Paul Vibert - Pour lire en bateau-mouche, 1905.djvu/387

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 360 —

de même avec mon entreprise qui est destinée à jeter le plus vif éclat sur la capitale du monde civilisé.

Tous les matous s’y donneront rendez-vous et croyez bien que l’on y verra nombreux et pressés, les plus jolis spécimens qui existent, depuis le noir jusqu’au rouge.

En passant je vous ferai remarquer que M. de Buffon a singulièrement calomnié cet animal qui est le seul, en somme, qui soit capable de comprendre et de goûter, à première vue, les beautés des langues étrangères ?

Pendant l’Exposition, il y a précisément beaucoup d’étrangers à Paris ; votre Tour deviendrait donc fatalement la Tour de Babel sans eux et ces aimables animaux auront, à coup sûr, le plus grand succès.

Et le soir ? Parlons-en un brin du soir, lorsque la ville semblera baignée dans un flot de lumière, estompée par les lointains trompeurs et les brumes paresseuses de la Seine qui s’éloigneront comme à regret des charmes capiteux de la belle meunière, se traînant lentement sur la vague endormie et glauque…

Lorsque l’Exposition elle-même, par les chaudes soirées caniculaires d’août, sera grouillante, vivante et palpitante à nos pieds, laissant monter jusqu’à nous les parfums ensorceleurs de cent mille poitrines haletantes de femmes, piquant leur double pointe vers le ciel, pour mieux contempler notre manège…